Aujourd’hui lundi 19 mars, nous prenons tous trois le même chemin que la veille en bifurquant après le Prince of Wales museum pour se rendre à la Synaguogue bleue, bien nommée à la vue du turquoise vieillissant de ses murs. L’intérieur est au contraire plutôt sobre. Puis nous marchons un bon moment afin de rejoindre Victoria Terminus, la célèbrissime gare centrale de Mumbaï, chef-œuvre imposant hérité de l’ère coloniale.
L’intérieur est tout aussi majestueux, mais caché par la cohue indienne qui y règne. Personne ne semble prêter attention aux plafonds sculptés, aux vitraux ou encore aux lustres. Sur le chemin sur qui tombons-nous au hasard ? Seethal !!! Elle est toujours avec ses éventails à plumes, accompagnées de 3 amies qui ne nous lâchent plus, fascinés par les « amis » tous blancs de Seethal.
Trop heureux de cette rencontre, on décide de l’inviter à Mc Do. C’est peut-être dégoutant mais c’est original pour elle, et propre pour le quartier. Elle est très réticente, pensant qu’on y mange que de la viande alors qu’elle est végétarienne comme tous les hindous, et aussi peut-être parce que cela lui fait peur de rentrer dans ce lieu d’étrangers et de castes supérieures. On finit par la convaincre et cela devient amusant. Elle prend un menu végétarien (Il n’y a dans tous les cas pas de bœuf vendus ici et peu de ressemblance avec les Mc Do étrangers) et une glace mais ne mange pas grand chose, préférant tout emporter dehors pour ses amies de rue. On marche longtemps ensemble, elle veut nous donner une adresse mais n’en a pas. Alors elle nous emmène près de l’Oval Maidan pour nous faire prendre l’adresse d’une policière gardant l’Université. Elle la voit tous les jours, elle pourra lui donner notre lettre. Nous rencontrons sa cousine et son bébé de quelques mois, puis la quittons pour prendre le train.
Nous nous rendons à Dharavi, le plus grand bidonville d’Inde, ses 1 million d’habitants et son économie millionaire malgré les apparences. Les gens paient des loyers pour 4 murs de tôle et parfois de l’électricité. Ils ont des commerces internes et en lien avec l’extérieur. Certains travaillent même dans des bureaux en ville et reviennent vivre là le soir. Depuis le pont de la gare, on voit les saris colorés qui sèchent au soleil le long des voix de chemin de fer. Les poubelles sont le terrain de jeux des enfants et la nourriture pour les nombreuses vaches et chiens errants.
C’est de là que part le Great Wall Project, ce mur de 2 km longeant la voix de chemin de fer et où les artistes du monde entier sont invités à laisser leur trace. Si certains dessins ou tags (pour les étrangers : les bombes coûtent trop chers ici) sont encore visibles, la plupart sont à demi-effacés par la pollution, la crasse ou les messages politiques. Le projet ne date pourtant que de 2010… Déçus, nous nous rendons à Adji Hali, la grande mosquée insulaire. Cette mosquée est reliée à Bombay par une large voix terrestre recouverte à chaque marrée haute. Elle se détache alors au loin tel un Mont saint-Michel Blanc, à un niveau…et avec 4 minarets …
Bref, il nous faut emprunter cette longue voie encadrée de stands et de mendiants déformés pour rejoindre la mosquée, puis couvrir nos cheveux, retirer nos chaussures et enfin faire les lavements. Seuls les hommes peuvent pénétrer au sein du bâtiment central. La foule est écrasante, on ressort vite, et partons vite même, écoeurés par la déchetterie maritime que révèle la marée basse.
Puis Nico et Hélène partent vivre l’aventure bolywoodienne dans le cinéma principal de Colaba. Le billet vaut à peine 2€ alors que le cadre est majestueux. C’est une véritable salle de théâtre rétro avec balcons et sièges défraichis des années 60. Les bandes-annonces paraissent aussi vieilles que le mobilier. Mais soudain, avant que le film ne commence, un drapeau indien flottant apparaît sur l’écran, tout le monde se lève, la main sur le cœur, c’est l’heure de l’hymne national. Tout le monde chante en chœur jusqu’à la fin, se rassoit, puis assiste au début du film… Etonnant. Mais pas plus que les commentaires et rires déchainés des Indiens tout au long de la séance. Le scénario a beau être en hindi, il n’est pas compliqué à comprendre.