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Vanuatu, suite et fin

Mar 1

Le 3ème jour donc Nico et Hélène ont décollés dans un petit coucou direction Tanna. (Utilisation du « Nous »). Nous étions avec un jeune couple Néo-Zélandais roots et un vieux couple Australien amoureux comme au premier jour. Le pilote, blanc, n’a pas parlé de tout le vol.

Une fois sur place, notre guide Ni-Van, agressif et avec plein de toc de visage, nous baragouine quelque chose qui doit vouloir dire ‘suivez-moi’. Nous montons dans une Jeep rouge sans âge (et sans vitre et sans joint de porte) pour sortir de l’aéroport (qui n’est rien de plus qu’une maison unique). Après 10 minutes de sentier plus ou moins chaotique, on arrive devant une petite hutte où on nous passe une fleur rouge dans les cheveux, une petite collation à base de jus et de pastèque délicieuse, et repartons. Là, le sentier se corse jusqu’à devenir un véritable périple. Il pleuviotte de temps à autre mais on croit surtout que l’on va se renverser ou que la Jeep va exploser en mille morceaux à force de traverser des tranchées de boues et de cailloux que l’on tente de nous faire passer pour une route. Les paysages en valent la chandelle en revanche…

Après une heure de jungle épaisse  avec des banians digne du business books of records, on arrive au pied du volcan, vaste cône gris, dont les cendres s’étalent sur des kilomètres aux alentours.

La Jeep rouge au milieu de cet espace désartique semble tout droit sorti de Tintin sur la Lune. On s’arrête pour prendre dans nos mains un peu de ce magma refroidi mélangé aux cendres. Le sol n’est pas chaud mais pas froid non plus. En reprenant la route pour s’approcher davantage du volcan, on s’aperçoit que quelque chose ne va pas. Des Ni-Van transportant du bois nous font des signes pour que l’on s’arrête. Les Mantanna (les hommes de Tanna) parlent entre eux, ralentissent. Et soudain on comprend. La route est coupée par un fleuve qui s’est formé à la suite des fortes pluies des derniers jours. Le volcan est une pente parfaite, sans obstacles. Les courants d’eau qui la dévalent forment souvent des fleuves qui naissent aussi vite qu’ils meurent. Notre chauffeur nous dit que l’on va attendre qu’il rétrécisse… Mais notre scepticisme est vite confirmé quand 30 minutes après le courant semble avoir encore grandi. Des voitures sont bloquées avec nous mais d’autres également de l’autre côté. Des hommes tentent la traversée à pied… On a peur pour eux… Le courant semble vraiment fort et les rochers omniprésents… Mais…ça passe ! Notre guide est prêt à tenter la traversée avec notre Jeep pseudo amphibie…Même un enfant à moitié nu réussit à passer ! Les Australiens sont pétrifiés ! Ils disent qu’il y a eu 185 000 morts à Brisbane suite aux inondations en 2010 et qu’il serait idiot de risquer nos vies pour un volcan ! Euh…. En voiture peut-être pas mais à pied nous on y va ! On a pas payé 300€ pour faire 4 heures de coucou et de Jeep sur des routes pourries… On ne va pas s’arrêter au pied du volcan pour un courant d’eau… On commence à s’approcher du fleuve quand le chauffeur nous dit qu’il va tenter une traversée seul avec la Jeep. Si ça passe, il revient tous nous chercher. Et…. Ça passe !

Difficilement mais ça passe. Les jambes en hauteur pour ne pas tremper nos chaussures, nous traversons donc le fleuve ! Ouf…. Bon, au retour ce sera peut-être pire mais ce sera après ! En attendant…. Direction le cratère. On le grimpe par le flanc ouest, recouvert de forêt vierge mais moins pentu. Avant cette dure montée, on s’arrête manger un bout dans la jungle . En repartant la « route » est encore pire que ce qu’on pouvait imaginer, on est à deux doigts de se renverser ou de devoir sortir pour la pousser mais après une heure de cahotage, de bleus et de cris furtifs, on arrive enfin au sommet. Là, une boite aux lettres de l’extrême et derrière, un sentier vaporeux pour accéder à l’intérieur du cratère et au magma en fusion. La fumée est épaisse, nous revêtons de grands impers jaunes pour ne pas nous perdre et nous protéger du vent violent. On dirait une expédition scientifique !

Une fois dans la cratère malheureusement on se rend vite à l’évidence que la fumée trop épaisse ne nous permettra pas de voir le magma… on entend les explosions pourtant. En grattant doucement le sol on s’aperçoit qu’il est brulant en-dessous, on pourrait y faire cuire un œuf. L’impression est magique, à moitié asphyxiés par les cendres… Il faudra revenir ! Le retour se fait aussi lentement qu’à l’aller mais plus facilement peut-être.

Rentrés de Tanna, on retrouve au marché Linda, la charmante NiVa rencontrée au premier jour alors que Nicolas déjeunait sur son stand de viande et poisson. Elle a presque 30 ans, 3 enfants qu’elle ne retrouve que le week-end sur son île à 2 heures de Port-Vila, et a été récemment élue chef des femmes du marché, pour gérer les emplacements et les conflits sur cet espace restreint où l’on se relait 24h/24. Ses fruits de la passion en libre-service sur la table sont à se damner !
En effet quiconque commande à sa table (un tréteau et un banc au milieu du marché, sa cuisine étant réduite à un réchaud posé au sol, une bassine d’eau et un sac poubelle) peut ensuite se servir à volonté dans le panier de fruits de la passion, gros et jaunes, bien juteux, qu’elle aime accompagner de sucre blanc. On rencontre pas mal de gens à sa table, comme Alain ou encore Louis, un NiVan qui a vécu en France et dont les enfants vivent à Paris. Lui n’y supporte pas le froid… On le comprends! Même s ‘il ne fait pas très beau cette semaine, au moins il fait chaud.

On se promène à Erakor, une jolie île à l’Est avec un banc de sable splendide et une eau transparente incroyable. Une fois le bac payé, on a l’équivalent du prix en crédit à dépenser sur le resort de l’île. Même si l’après-midi est entrecoupée de courtes pluies fines, c’est agréable de retrouver tongs et shorts…

Enfin tong ça peut être dangereux comme Adé en a fait l’expérience… En effet le soir nous nous rendons dans un bar où Nico a rencontré des Australiennes pendant la journée. On prend quelques verres. Il fait déjà bien nuit et les routes ne sont évidemment pas éclairées. Adé va chercher un sandwich dans le centre. Mais en repassant par le marché, son pied (en tongs) heurte un crochet posé à terre sur la marché…. Le sang masque la blessure mais elle semble assez profonde… Pas bon ça… Elle rentre à l’hôtel en taxi-bus mais la blessure est pas très jolie… Le lendemain matin elle se rend à l’hôpital où Roger, un gros soi-disant médecin en rangers lui réouvre la plaie sans anesthésie (« ça va plus vite , tourne la tête ! ») pour la nettoyer avant de lui mettre des compresses et de lui donner des antibiotiques dans un petit sachet en plastique… L’hôpital en lui-même est assez précaire: quelques chaises en plastiques pour attendre derrière des rideaux avec des ustensiles pas vraiment stériles, des mouches et du monde plein à craquer mais sans grosses blessures, il n’y a pas la guerre non plus.

Pendant ce temps-là Hélène se rend au cours de plongée sous-marine auquel Adé n’a du coup pas pu se rendre. Elle revêt son équipement et après deux heures de navigation sous un soleil resplendissant et une eau turquoise, arrivée au premier spot. Ils partent explorer la barrière de corail qui se trouve au large d’Efaté. La descente est difficile pour les oreilles, il faut descendre par paliers. Enfin les 15 mètres du fond… l’impression est sublime. Entourée de poissons-clowns, d’hippocampes, de coraux aux milles couleurs elle se déplace lentement au sein de cette flore et faune sous-marine exceptionnelle en prenant bien soin de ne rien heurter avec les palmes. Après une ballade de 30 minutes, il est déjà l’heure de remonter à la surface.

Adé finit par se rendre à l’ambassade de France pour avoir leur avis sur la blessure. Le constat est sans appel et conforme à ce qu’on avait dit à Hélène à la plongée : Il est inconscient de prendre ça à la légère, sous les tropiques la plus bénigne des infections, rien qu’une gratture de moustique, peut s’infecter rapidement, apporter gangrène et parfois l’amputation. Et cela n’arrive pas qu’aux autres loin de là ! L’hôpital public est un mouroir non-hygiénique, même les NiVans préfèrent payer le quadruple et aller voir un médecin européen ou une clinique privée ! L’ambassade appelle immédiatement un médecin français pour lui envoyer d’urgence Adé. Dans la salle d ‘attente du Cardiologue : des NiVans en effet. Le médecin lui refait un pansement sans trouver rien à lui redire. En revanche les antibiotiques donnés sont la dose pour bébé ! Décidément encore une bonne leçon à retenir…

Dans les derniers jours Adé et Hélène se font faire des rastas au marché. Ce n’est pas si moche mais très huilé et ça gratte. Nico se loue un scooter pour partir à l’assaut de l’île par la côte ouest cette fois-ci, où il rencontre de nombreux enfants sur les routes, et encore une fois des paysages incroyables.

Finalement cette parenthèse aux Vanuatu nous a fait beaucoup de bien, physiquement et psychologiquement, pour aborder sereinement l’agitation des riches pays dans lesquels nous nous rendons ensuite…

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Arrivée dans les îles du Pacifique : les Vanuatu

Feb 23

Aujourd’hui mercredi 25 janvier, on embarque tranquillement pour les Vanuatu… où l’on atterrit vers 23h, sans réservation, sans voir aucune lumière au sol… Un groupe Ni-Van (les habitants des Vanuatu) nous accueille avec des instruments et des voix chaleureuses. Les Ni-Van ont la peau noire, les cheveux et les poils très crépus même sur le torse, et surtout sont toujours souriants et rieurs.

L’anglais et le français sont parlés sur les îles depuis la colonisation des deux empires qui se sont partagé la gouvernance jusque dans les années 60. Leur langue la plus usitée reste le Bislama, ou Pidgin. De l’argot d’Anglais déformé qui est parlé dans le Pacifique sud. Mais beaucoup parlent également anglais et au moins 2 autres dialectes suivant leur île d’origine (300 dialectes sont parlés dans l’archipel). Il fait chaud et humide…TRES humide. Il pleut même… Le douanier s’esclaffe quand on lui dit qu’on veut aller au Hibiscus motel, le moins cher de Port-Vila. Sans réservation on sera bien avancés une fois devant les grilles fermées depuis 21h… Tout comme le taxi quelques minutes plus tard, il nous conseille d’aller au Emily’s takeaway, ouvert 24h/24. Une fois là-bas, une Ni-Van nous accueille et nous montre le dortoir modeste. Heureusement qu’un ventilateur à bout de souffle apporte un peu d’air. Mais la salle de bain est niquel et surtout ce n’est pas hors-de-prix. Ici aux Vanuatu la justesse est de rigueur. Il n’y a pas de pourboires ou de négociations. Il y a un prix pour tout. Point. Et au marché ouvert 24h/24 devant lequel on est passé, les prix sont très bas. Toute l’année les Ni-Van de toutes les îles viennent quelques semaines vendre leurs fruits et légumes, ou sarongs, ou cuisiner, avant de repartir retrouver leurs familles dans des villages isolés. L’île principale, sur laquelle on se trouve s’appelle Efaté. La capitale est Port-Vila. La deuxième plus grande ville, Luganville, se trouve sur Espiritu Santo, à 2h d’avion au Nord. Tanna est la 3ème île la plus visitée, à 1h30 d’avion au Sud d’Efaté, et héberge le Mont Yasur, le volcan en activité.

Durant cette semaine au Vanuatu on s’est beaucoup reposé. On a beaucoup marché dans Port-Vila malgré l’extrême petitesse de la ville. Dès le deuxième jour on s’est installé au Hibiscus Motel, moins cher, plus près du centre et surtout sans des hurlements de fous (saouls ?) toutes les nuits. Nicolas et Hélène se sont réservés une excursion au volcan Yasur qui a été décalée une première fois à cause de la pluie. Nicolas est donc parti explorer une partie des côte sud, ouest et est de l’île en tentant le stop sous le temps menaçant puis se rabattant sur un paiement très minime à un pseudo-taxi qui l’a emmené découvrir les Cascades Melee où l’on accède après une marche de 20 minutes en remontant le courant. En repartant il est bien décidé à ne pas repayer de bus-taxi et à faire du stop, il parvient donc à convaincre une camionette de bucherons de l’avancer jusqu’à l’île d’Hideaway pour aller faire de la plongée avec bouteille.

Les fonds marins sont évidemment magnifiques, les poissons passant à quelques centimètres des plongeurs aux milieux des coraux. En repartant Nico refuse toujours l’aide des taxis très insistants et s’enfonce à pied sur une route perdue dans la jungle, le pouce toujours levé et les yeux alertes. Finalement, un taxi-bus qui l’a repéré alors qu’il partait en marchant, obstiné, réussit à le convaincre puisque le stop n’est manifestement pas la mode ici (trois quarts des voitures étant des bus taxis, les particuliers ne sont pas disposés à prendre d’autostoppeurs). Ca faisait d’ailleurs bien marrer tout le monde de voir ce petit blanc marchant seul au milieu de la forêt tropicale sous la pluie battante.

En revanche Nico a négocié son petit trip dans le sud d’Efate pour une bouchée de pain et le chauffeur très sympa lui a donc concocté  un bon petit programme. Après avoir passé la journée à s’arrêter ici et là, « Tony » lui propose de faire tarzan dans les lianes de l’incroyable Blue Lagoon,. Le lieu est magique, c’est un petit parc fermé à cette heure-ci, Tony et Nico sautent donc la barrière  et se jettent à l’eau d’une couleur surréaliste.

La nuit tombe et il est temps de rentrer, Tony propose cependant à Nico de s’arrêter sur le bord de la route dans un petit bar à kava, l’alcool local élaboré à partir de racines de la plante du même nom. Le bar est au bord d’un lac sur lequel le soleil se couche, renforçant l’ambiance déjà étrange, il y règne un silence gênant et il n’y a que des hommes, crachant dans l’eau après avoir bu leur kava cul sec.

Nico essaie donc et c’est franchement difficile, il est obligé de boire le bol (oui oui..) en deux fois. La sensation qui vient dans les trente minutes suivantes est drôle mais difficile à expliquer, on a l’impression d’avoir les oreilles qui se débouchent en mille fois pire, tous les bruits alentours sont intensifiés.
En effet notre séjour au Vanuatu n’a pas beaucoup été celui des cartes postales, les pieds dans l’eau et sous un ciel sans nuage. Mais au moins il nous a permis de rencontrer la population, de nous reposer et de mieux profiter de la culture Ni-Van que des plages. Et au moins nous étions très très peu de touristes.

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