De Geraldton à Monkey Mia

Apr 4
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Direction Kalbarry, la douche froide (voire pas de douche)

Aujourd’hui jeudi 1er mars, le garçon qui nous a reçu dans son allée vient frapper à la porte du van : le thé est prêt ! Nous cherchions hier un endroit où dormir gratuitement et ce jeune pêcheur de langouste et employé de supermarché nous a gentiment proposé gentiment de garer notre van devant chez lui. Nous pavons passé une soirée agréable, sirotant quelques bières devant un film.. jusqu’à ce que le courant saute pour la nuit. Tant pis, on se couchera plus tôt, retour dans le van brulant! Comme des amis de longues dates, nous nous charrions et passons une bonne matinée tous les 4 avant de rejoindre la plage puis de reprenons le van sous les 40°C sans la clim, transpirant sur nos sièges si chauds…

Vers 18 heures enfin nous atteignons Kalbarry, en bord de mer. Il est temps de nous trouver un gentil villageois qui pourrait nous accueillir… mais après deux heures de tour de village balnéaire et une dizaine de refus désagréables, il nous faut nous rendre à l’évidence. Seuls les kangourous sautant dans les ruelles nous paraissent souriants.

Les gens ne sont pas tous aussi aimables suivant les régions… on croirait presque qu’ils ont reçu une circulaire pour mettre en garde contre les voyageurs en van. Tous nous disent que c’est interdit, qu’ils vont avoir des problèmes si le ranger passe, qu’il fait des rondes pour traquer des fraudeurs comme nous qui ne veulent pas payer le camping… ok, merci beaucoup, super sympa… on va donc en dehors de la ville, dans un sentier de terre rouge, où les moustiques et les bêtes bizarres pullulent, sans diner, juste prier pour dormir tranquille…c’est tout ce qu’on demande…

Denham, entrée dans la Shark Bay

Aujourd’hui vendredi 2 mars, nous sommes réveillés au petit matin par le ranger qui nous demande ce qu’on fait ici. Peur d’avoir une amende, on prétend être arrivées vers 5 heures de matin, exténués d’avoir tant roulés, et qu’on va repartir. Il ronchonne mais nous laisse partir. On se réfugie sur la marina pour utiliser les toilettes et se laver sommairement au gant de toilette, avaler un peu de céréales mouillés dans du lait en poudre, et on repart aussitôt quitter cette bourgade peu accueillante pour les voyageurs sans le sou. On pénètre dans le Kalbarry National Park pour découvrir une gorge dite impressionnante et une randonnée connue où deux personnes sont mortes de soif et d’épuisement…

Mais si la distance de 25 km est bien indiquée lorsqu’on sort de la route principale, l’état du sentier ne l’est pas ! On dirait que le van va exploser en mille morceaux tellement il est cahuté… Après 3 heures de route sans croiser âme qui vive sur l’asphalte brulant du désert australien, on atteint enfin la ville annoncée depuis 250 km : Billabong… en réalisant qu’il ne s’agit en fait que d’une road house, d’un routier, ou autrement dit : que d’une station-essence perdue au milieu de nulle part. On repart donc manger du bitume sous la chaleur accablante. Epuisés on découvre avec soulagement que l’on vient enfin de pénétrer dans Shark Bay, patrimoine mondial… Notre destination du jour ne doit plus être loin… mais en attendant on visite des stromatholites (formations rocheuses) sur une magnifique baie.

Puis nous mettons le cap sur « Shell beach » qui porte bien son nom puisqu’elle est constituée uniquement de coquillages blancs, tous identiques, qui coupent les pieds mais forment un parterre orignal d’un blanc immaculé.

Après une heure de route de plus nous atteignons enfin Denham et… ses mouches ! Des mouches nous assaillent à peine sortis du van, elles nous tournent autour, nous collent, nous rentrent dans les oreilles… on a commencé à les voir arriver sur la route mais à ce point-là ! On comprend maintenant pourquoi sur le toit intérieur du van il est taggué : « Le pire ennemi de Shark Bay : la mouche ». On file sous une douche publique pour essayer de s’en débarrasser (et de la sueur de la journée tant qu’à faire) mais c’est peine perdue…. Il faut apprendre à vivre avec. Nous rejoignons une aire de pique nique pour grignoter un morceau et rencontrons des Allemandes puis des Françaises avec qui nous passons la soirée, à se raconter nos méthodes pour fuir les rangers et les campings onéreux. Elles suivent le même parcours que nous et demain vont tenter d’aller voir les dauphins sauvages à Monkey Mia, le ressort ayant noué des liens avec eux depuis des décennies. Et bien… nous irons avec elle alors ! Mais en attendant nous ne savons pas où dormir alors nous éloignons de la ville, roulant une trentaine de kilomètres jusqu’à Eagle Bluff, un point de vue où le camping est interdit mais nous n’y passerons que quelques heures avant de se lever à 6h30 demain…

Aujourd’hui samedi 3 mars, lever avec le soleil pour aller nourrir les dauphins à 45 kilomètres de là. Arrêt à des toilettes publiques pour un brin de toilettes puis mise en maillot de bain direction la plage de Monkay Mia ! Là un filet de sécurité nous retient à quelques mètres de l’eau, nous laissant admirer les magnifiques pélicans géants (plus d’un mètre trente de haut) et leur fameuse gorge membranée.

Des employés du ressort arrivent nous expliquer la particularité de ce lieu où les dauphins de la Shark Bay viennent tous les jours depuis une cinquantaine d’année. Les pêcheurs avaient pris l’habitude de nourrir les dauphins ici, tous les matins, et des liens se sont noués au fil des années. Depuis, deux à trois fois par jour, le ressort nourrit des dauphins venant jouer sur cette plage. Ils changent toujours mais c’est rare qu’aucun dauphin ne viennent. Pour respecter ce lien créé entre les dauphins et les hommes, nous avons interdiction d’aller nager avec eux, nous pouvons nous immerger jusqu’aux cuisses, et c’est ensuite à eux de décider s’ils veulent s’approcher de nous ou non. La première salve de dauphins arrivent… C’est toujours aussi émouvant… C’est si beau de les voir jouer à quelques centimètres de nous.

Mais les touristes ce matin sont trop nombreux, nous nous éloignons pour aller faire du snorkelling un peu plus loin et voir des raies pastenagues se faufiler au fond des mers. Mais une heure après de nouveaux dauphins arrivent et cette fois-ci nous sommes une poignée de chanceux, nous avons donc l’honneur de pouvoir nourrir nous-mêmes les dauphins !



Le retour à la chaleur du van est désagréable mais nécessaire pour le nombre de kilomètres qu’il nous faut avaler aujourd’hui. A la tombée de la nuit nous atteignons Carnavon, la ville des Aborigènes… et… ça fait peur. D’un point de vue sociologique, il y a bien des leçons à tirer pour éviter la catastrophe d’assimilation d’une culture telle que les aborigènes. En entendant les récits, lisant des témoignages et ouvrant les yeux ici, on observe attristés la déchéance d’un peuple devenu ici ivrogne, violent, dangereux, saccageur, sans emploi… Partout les policiers doivent y faire attention, ils hurlent, crachent, les maris battent leurs femmes qui elles-mêmes battent leurs enfants qui eux-mêmes volent. Ils errent dans les rues en gueulant et cherchant des choses à casser. Ils sont sales et agressifs, parfois abrutis par l’alcool et cette vie déchue… Alors bien sûr ce n’est pas une généralité mais un constat tristement généralisé parmi tous les témoignages que nous entendons. Avant de nous faire briser le van, nous sortons de la ville effrayante afin de rejoindre la plage publique, 5 km plus au Nord. Le camping y est de même interdit mais nous nous cachons derrière le bâtiment des toilettes publiques, et les phares du ranger passent devant nous sans nous voir. Encore une fois, une nuit courte et agitée.

Filed Under: Australie, Océanie

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