Hasta Antigua, joyau du Guatemala

Dec 18
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Aujourd’hui, jeudi 8 décembre 2011, nous avons roulé toute la nuit depuis Florès. Le périple ne fut pas franchement évident, après 1 ou 2 heures de sommeil nous arrivons les paupières lourdes à la gare routière de Guatemala Ciudad. Et là, le chaos. Des fusils à pompes partout bien évidemment et tous les regards de tueurs braqués sur nous dans un hall miteux où se promènent à l’aise des cafards mutants de la longueur d’une demi-main. Il est 6h du matin et un inconnu mal rasé nous balance en crachotant avant de disparaître tout aussi vite : « Pour Antigua, votre taxi arrive dans une heure »… Et bien, quel accueil. Exténués, frigorifiés et apeurés nous nous asseyons sur le sol crasseux entre les poubelles. Une heure après on aperçoit un homme tenant un bout de papier noté « Antigua », enfin.

Nous montons à l’arrière du collectivo. Le chauffeur n’a pas l’air trop agressif, nous commençons à le questionner sur le Guatemala, sur notre étonnement de voir des fusils à pompes à chaque coin de rues, même pour garder un simple magasin de chaussettes. Pour lui c’est normal, c’est une manière d’assurer sa sécurité, sinon tout le monde se ferait braquer. C’est dangereux de se promener sans arme à cause des narcos. Lui-même a un semi-automatique, un colt, on veut le voir ? Ah oui quand même, c’est impressionnant à 50 cm de soi.
« Mais…vous l’avez déjà utilisé ?

-Pas vraiment, si je tue avec je peux avoir des soucis. Mais je l’ai plusieurs fois sorti juste pour impressionner et éviter de me faire agresser.

-Mais tout le monde peut avoir une arme au Guatemala ?`

-Ah non il faut une licence tout de même.

-Et c’est compliqué à avoir ça ?

-Pas vraiment. Il suffit d’aller à la préfecture. »

Ah oui ça change tout en effet !

A 8h notre taxi nous dépose sur un trottoir d’Antigua. En face ? Une laverie. La destinée nous y envoit, nous y déposons donc notre bon gros paquet de linge sale qui sera à récupérer, propre, sec et plié pour quelques euros dans 2h. Deal. Nous nous dirigeons vers la plaza central où nous nous attablons autour d’un café, avant de repartir à la recherche d’un endroit où dormir. Encore une fois c’est notre Lonely Planet qui aura le meilleur deal : la Jungle Party, une auberge de jeunesse très bon marché, internationale et bon esprit : tout ce qu’on aime. L’après-midi est consacré à la visite de la ville, ses paysages volcaniques et ses édifices colorés maintes fois restaurés. Antigua était autrefois l’ancienne capitale de toute l’Amérique Centrale. Mais un premier grand tremblement de terre en 1773 détruisit une grande partie de la ville et ordre fut donné à tous les habitants de quitter la ville. La capitale guatémaltèque fut transférée au lieu actuel. Heureusement certains villageois décidèrent de rester sur les terres de l’ancien joyau du pays et peu à peu grâce aux cultures de café, la ville se repeupla et le gouvernement accepta après des années de pression, de rénover certains des plus beaux bâtiments. Malheureusement, plusieurs autres séismes secouèrent la ville et réduisirent à néant ces efforts, notamment celui de 1976. En 1979, comme pour donner de la motivation aux efforts de restauration, Antigua fut inscrite au patrimoine mondiale de l’UNESCO.

Nous nous mettons ensuite en quête du marché artisanal de la ville… sans grand succès. La ville a beau être toute petite et entourée de volcans, il y est très difficile de s’y repérer puisque les noms des rues varient souvent et se ressemblent. Nous arrivons finalement sur un grand marché mais qui semble plutôt sortie des usines chinoises que des ateliers manuels du Guatemala… Déçus, nous rentrons vite à l’auberge, passant devant de nombreux échoppes très.. typiques (dédicace aux collègues d’Atlantis de Nico).

Notre dortoir aussi nous rappelle les usines choinoises…ou plutôt les dortoirs des ouvriers chinois : sous les toits pas isolés, une enfilade de matelas posés à même le sol. A ceci prêt que ça nous plaît et qu’on n’a pas le droit d’y utiliser notre linge propre (pas de sac de couchage non plus) pour éviter d’y amener les parasites qu’ils pourraient transporter.

La soirée fut très enrichissante avec un G.I américain qui revient d’un an en Afghanistan. Fils d’ambassadeur, il est né au Brésil et a vécu dans une quinzaine de pays. Une fois sa graduation, il avait envie (besoin) de quelque chose qui lui apporte les racines qu’il n’a jamais vraiment eu. Pour se sentir vraiment américain il est rentré dans l’armée américaine en 2004. Et dès 2006 il a tout fait pour avoir ‘la chance’ d’aller en Afghanistan. Pourquoi ? Parce que « c’est comme ne pas être sélectionné pour un match de foot. On s’entraîne tous les jours pour ça, et rester sur le banc des remplaçants est une frustration extrême. Après 3 ans d’entraînements à la guerre on a envie de rentrer sur le terrain » Oui enfin bon ça ne te faisait pas peur ? « On meurt moins en Afghanistan que sur les routes américaines… et puis j’étais sur une base. Et surtout il ne faut pas croire les films. Démineurs, Brothers… tout ça c’est très hollywoodien. Il n’y a jamais d’alcool mais oui beaucoup de playstation. Mais la sécurité est très présente même si ma mère n’a pas dormi pendant un an. »

{…}

Minuit… mon dieu nous avons loupé les deux seuls créneaux de la journée d’eau chaude (8-10h a.m et p.m). La douche sera pour demain. Good night all !

Filed Under: Amérique Latine, Guatemala

One Comment

  • MARTINOT says:

    Merci de nous faire vibrer et partager vos aventures… mais pas trop d’épisodes de fusils à pompe: ça ne devait pas être trop rassurant. On vous préfère au Pérou.
    C’est très bien raconté, nous n’attendons plus que les photos.
    Gros bisous à vous 3. Claudine et Bertrand

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